dimanche 15 février 2009

Prizren et Pejä

Hier, mon collègue Patrick et moi somme partis de bon matin (soit 10h) pour sortir de Prishtina et ainsi visiter le reste de ce pays, question de voir un peu mieux de quoi il en retourne. Nous avions donc convenus d'aller visiter Prizren, dans le sud du pays, puis Pejä, dans le Nord-ouest.


En chemin, nous avons croisé moult véhicules du KFOR - Kosovo FORces (de l'OTAN) - une base autrichienne/suisse, une base allemande, un Rock Hard Café (sic), et nous avons été arrêtés pour excès de vitesse...mais bon, nous avions un chauffeur local alors ça a aidé un peu.

Prizren
Chaudement recommandée par les Onusiennes que nous avions rencontrées la semaine dernière. Prizren est la deuxième ville en importance au Kosovo. Sise dans une plaine enclavée entre deux chaînes de montagnes, elle est telle une perle dans son écrin de velours (ouf, qu'est-ce que je suis lyrique ce matin! Désolé).

Dans les rares et maigres guides de tourisme sur le Kosovo, j'avais lu que deux monastères orthodoxes historiques s'y trouvaient. Nous avons commencé par le plus loin, qui se trouve plus ou moins à 2 km de la ville. On y accède par une route en lacet qui longe une petite rivière, où on peut admirer ladite rivière et rencontrer un véhicule blindé de transport de troupe arborant une croix rouge et prenant les 2/3 de la route.

Le monastère est protégé par un contingent allemand du KFOR. Pour accéder au monastère, il a fallu donner à un soldat nos passeports à travers d'une grosse porte de clôture avec barbelés afin qu'il les inspecte, les reprendre, suivre le soldat jusqu'à un sergent, lui donner les passeports et recevoir des passes, et enfin entrer dans le monastère accompagné du soldat. Rendu à l'intérieur, il nous a laissé aux bons soins d'un moine. Ce dernier parlait un excellent anglais et nous a raconté l'histoire du monastère qui a été bâti au 14e siècle, et rasé en 1450 par les turques qui ont pris le contrôle des lieux. Il s'agit maintenant d'un site archéologique, avec un dortoir pour les 8 moines qui y vivent. Notre guide nous a également raconté qu'un moine a été enlevé en 2000 et décapité. Ils ont retrouvée le corps et ont pu l'identifier par ADN...la tête n'ayant jamais été retrouvée.

Par la suite, nous avons tenté de visiter le second monastère, mais il était fermé pour reconstruction. Le monastère est protégé par quelques policiers locaux - il y a quelques années des Kosovars musulmans l'ont attaquée et saccagée. Nous avons donc décider de monter la colline pour voir les fortifications qui s'y trouvent. Sur le bord de la route qui mène au fort, il y a une petite église orthodoxe qui a été lourdement endommagée lors de la guerre (et n'a plus de toit). Un poste d'observation du KFOR y a été construit. Il s'agit effectivement d'un point stratégique puisque les soldats qui s'y trouvent peuvent embrasser toute la ville de leur regard.



Des maisons situées près de l'église n'ont jamais été reconstruites et sont interdites d'accès par le KFOR à l'aide de barbelés, probablement parce que cela donnerait trop de couvert à des troupes voulant attaquer le poste d'observation. Des affiches nous avertissent de ne pas s'y aventurer puisque les troupes sont autorisées à ouvrir le feu...ce qui est somme toute assez sympathique quand on y pense.


La ville elle-même est très jolie, avec ses rues pavées et ses petites maisons et échoppes. Une petite rivière la traverse en son milieu, avec un joli pont de pierre pour les piétons.


Lorsque nous étions sur le dessus de la colline, nous avons pu observer quelques mouvements militaires. Deux hélicoptères patrouillaient la région et en ont profité pour nous observer en passant au-dessus de nous. Le char blindé de transport est repassé et j'ai pu le prendre en photo. Bref, la présence militaire au Kosovo est fortement apparente, pour ne pas dire omniprésente.


Pejä
Nous sommes ensuite remonté vers Pejä, qui est au nord du pays. Un important monastère s'y trouve - non, ce n'est pas que j'ai une fixation sur les monastères, mais plutôt qu'ils sont un important héritage culturel pour la région et certainement les sites historiques les plus intéressants - mais il était fermé à l'heure ou nous sommes arrivés. Pejä est une belle ville également, située au pied d'une imposante chaîne de montagnes et productrice de la bière locale, ce qui est toujours un must. Des forces du KFOR, des Italiens cette fois-ci, gardent l'accès vers le monastère et protègent la route qui mène au Montenegro. Nous ne sommes pas restés longtemps à Pejä, juste assez pour savoir qu'il vaudrait la peine d'y revenir et passer un peu plus de temps sur place.


Lors de notre voyage, nous avons pu constater que les marques de la guerre sont toujours bien visibles. Les maisons en reconstruction voisinent les maisons détruites. Certaines maisons n'ont plus qu'un ou deux murs et une partie de toit, les briques et les pierres jonchant le sol, témoins silencieux des horreurs et des massacres qui y ont été commis par les deux camps. On sent que beaucoup de gens ont fuit la région et n'ont toujours pas été en mesure de revenir. Heureusement, les forces de l'OTAN permettent de préserver la paix et stabilisent la région, et nous pouvons toujours espérer que les travaux que nous accomplissons pour le gouvernement kosovar pourront également aider à la construction de ce nouveau pays, qui fêtera sa première année le 17 février, ainsi qu'au maintien de la paix.

Pour ceux que ça intéresse, j'ai déposé davantage de photos de ce périple sur ma page Facebook. Bonne journée!

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