mercredi 18 février 2009

Bonne fête Kosovo!

Ce moment de vie est dédié à Meriem, qui est si près mais à la fois si loin (snif!)

Et oui! Hier, 17 février 2009, le Kosovo fêtait son premier anniversaire de naissance. Nous avions la chance de faire partie de ce moment historique où le tout Prishtina est descendu Place de la Nena Teresa pour festoyer, danser, chanter, qui frappant sur des tambours, qui faisant éclater moult pétards à quelques mètres de la masse de passants qui ne sourcillent plus après 24h de festivités.


Partout, les drapeaux kosovars sont agités dans un ciel pour une fois bleu d'azur, quoique tacheté de moutons célestes, côtoyant ainsi les drapeaux albanais tout aussi nombreux, et quelques étendards américains drapent de leur tricoloriage les épaules exsangues de jeunes kosovars ébahis (ce passage est dédié à Céline, qui aime ça quand je fais semblant d'avoir quelconque talent lyrique - désolé Meriem, je t'enlève un paragraphe mais tu as droit à toutes les photos).

Les plus jeunes portent fièrement un pseudo sac de vidanges à l'effigie de leur drapeau national.

Pourquoi une prédominance aussi grande des drapeaux albanais et, dans une moindre mesure, du drapeau américain? Simplement parce que la majorité des kosovars est de souche albanaise, et un certain nombre d'entre eux ne rêve que d'une fédération avec Tirana. Le drapeau américain, quant à lui, est agité en remerciement à ce pays qui lui a permis l'accession à la souveraineté en le protégeant en grande partie des Serbes, et en reconnaissant l'existence du Kosovo. Évidemment, on peut penser que derrière cette politique se cache des raisons plus particulières, tel que faire de la peine à la Russie, alliée naturelle de la Serbie, sinon comment expliquer que l'Abkhazia dont je vous ai parlé antérieurement n'est pas reconnue?



En fin de soirée nous avons eu droit à de superbes feux d'artifice. Au départ, j'ai cru que c'était en mon honneur, mais non apparemment leur fête de l'indépendance est bien plus importante qu'un pauvre canadien qui travaille sur leur système de gestion des taxes.




Comme on dit au Mexique: Muy spectaculaaaaaaar! Et voici à quoi ressemblait le lendemain de veille de Prishtina...une gueule de bois météorologique.

dimanche 15 février 2009

Prizren et Pejä

Hier, mon collègue Patrick et moi somme partis de bon matin (soit 10h) pour sortir de Prishtina et ainsi visiter le reste de ce pays, question de voir un peu mieux de quoi il en retourne. Nous avions donc convenus d'aller visiter Prizren, dans le sud du pays, puis Pejä, dans le Nord-ouest.


En chemin, nous avons croisé moult véhicules du KFOR - Kosovo FORces (de l'OTAN) - une base autrichienne/suisse, une base allemande, un Rock Hard Café (sic), et nous avons été arrêtés pour excès de vitesse...mais bon, nous avions un chauffeur local alors ça a aidé un peu.

Prizren
Chaudement recommandée par les Onusiennes que nous avions rencontrées la semaine dernière. Prizren est la deuxième ville en importance au Kosovo. Sise dans une plaine enclavée entre deux chaînes de montagnes, elle est telle une perle dans son écrin de velours (ouf, qu'est-ce que je suis lyrique ce matin! Désolé).

Dans les rares et maigres guides de tourisme sur le Kosovo, j'avais lu que deux monastères orthodoxes historiques s'y trouvaient. Nous avons commencé par le plus loin, qui se trouve plus ou moins à 2 km de la ville. On y accède par une route en lacet qui longe une petite rivière, où on peut admirer ladite rivière et rencontrer un véhicule blindé de transport de troupe arborant une croix rouge et prenant les 2/3 de la route.

Le monastère est protégé par un contingent allemand du KFOR. Pour accéder au monastère, il a fallu donner à un soldat nos passeports à travers d'une grosse porte de clôture avec barbelés afin qu'il les inspecte, les reprendre, suivre le soldat jusqu'à un sergent, lui donner les passeports et recevoir des passes, et enfin entrer dans le monastère accompagné du soldat. Rendu à l'intérieur, il nous a laissé aux bons soins d'un moine. Ce dernier parlait un excellent anglais et nous a raconté l'histoire du monastère qui a été bâti au 14e siècle, et rasé en 1450 par les turques qui ont pris le contrôle des lieux. Il s'agit maintenant d'un site archéologique, avec un dortoir pour les 8 moines qui y vivent. Notre guide nous a également raconté qu'un moine a été enlevé en 2000 et décapité. Ils ont retrouvée le corps et ont pu l'identifier par ADN...la tête n'ayant jamais été retrouvée.

Par la suite, nous avons tenté de visiter le second monastère, mais il était fermé pour reconstruction. Le monastère est protégé par quelques policiers locaux - il y a quelques années des Kosovars musulmans l'ont attaquée et saccagée. Nous avons donc décider de monter la colline pour voir les fortifications qui s'y trouvent. Sur le bord de la route qui mène au fort, il y a une petite église orthodoxe qui a été lourdement endommagée lors de la guerre (et n'a plus de toit). Un poste d'observation du KFOR y a été construit. Il s'agit effectivement d'un point stratégique puisque les soldats qui s'y trouvent peuvent embrasser toute la ville de leur regard.



Des maisons situées près de l'église n'ont jamais été reconstruites et sont interdites d'accès par le KFOR à l'aide de barbelés, probablement parce que cela donnerait trop de couvert à des troupes voulant attaquer le poste d'observation. Des affiches nous avertissent de ne pas s'y aventurer puisque les troupes sont autorisées à ouvrir le feu...ce qui est somme toute assez sympathique quand on y pense.


La ville elle-même est très jolie, avec ses rues pavées et ses petites maisons et échoppes. Une petite rivière la traverse en son milieu, avec un joli pont de pierre pour les piétons.


Lorsque nous étions sur le dessus de la colline, nous avons pu observer quelques mouvements militaires. Deux hélicoptères patrouillaient la région et en ont profité pour nous observer en passant au-dessus de nous. Le char blindé de transport est repassé et j'ai pu le prendre en photo. Bref, la présence militaire au Kosovo est fortement apparente, pour ne pas dire omniprésente.


Pejä
Nous sommes ensuite remonté vers Pejä, qui est au nord du pays. Un important monastère s'y trouve - non, ce n'est pas que j'ai une fixation sur les monastères, mais plutôt qu'ils sont un important héritage culturel pour la région et certainement les sites historiques les plus intéressants - mais il était fermé à l'heure ou nous sommes arrivés. Pejä est une belle ville également, située au pied d'une imposante chaîne de montagnes et productrice de la bière locale, ce qui est toujours un must. Des forces du KFOR, des Italiens cette fois-ci, gardent l'accès vers le monastère et protègent la route qui mène au Montenegro. Nous ne sommes pas restés longtemps à Pejä, juste assez pour savoir qu'il vaudrait la peine d'y revenir et passer un peu plus de temps sur place.


Lors de notre voyage, nous avons pu constater que les marques de la guerre sont toujours bien visibles. Les maisons en reconstruction voisinent les maisons détruites. Certaines maisons n'ont plus qu'un ou deux murs et une partie de toit, les briques et les pierres jonchant le sol, témoins silencieux des horreurs et des massacres qui y ont été commis par les deux camps. On sent que beaucoup de gens ont fuit la région et n'ont toujours pas été en mesure de revenir. Heureusement, les forces de l'OTAN permettent de préserver la paix et stabilisent la région, et nous pouvons toujours espérer que les travaux que nous accomplissons pour le gouvernement kosovar pourront également aider à la construction de ce nouveau pays, qui fêtera sa première année le 17 février, ainsi qu'au maintien de la paix.

Pour ceux que ça intéresse, j'ai déposé davantage de photos de ce périple sur ma page Facebook. Bonne journée!

dimanche 8 février 2009

Jour 9

Voici quelques photos de la ville pour vous montrer que je ne fais pas que travailler et boire.


Lune au-dessus de Prishtina

Restaurant Symphony, avec son chef italien qui tient le menu. Classique.


Administrata Tatimore e Kosovës, ou Tax Administration of Kosovo. C'est là que je travaille.



Vue du Bill Clinton Bulevardi. Un peu plus loin il y a un magasin qui s'appelle Hillary...


Trio de Kosovares déambulant sous ma fenêtre. Bon ok, j'ai quand même un bon zoom. Derrière les filles, la boulangerie Odyssea, la meilleure en ville. Elle a été financée par l'organisme de l'ONU pour la femme.




samedi 7 février 2009

Déjà une semaine...

Bonjour à tous!

Semaine riche en rebondissements...tout d'abord, lundi nous sommes allés manger avec le directeur général de l'administration fiscale kosovar. Le repas était relativement formel dans un bon restaurant qui servait trop de bouffe (rendu à l'entrée (après la soupe), mon collègue Patrick croyait qu'on étaient rendus au plat principal...qui était évidemment trop gros également). Le point fort du lunch était toutefois le restaurateur, ami intime du DG. Il faisait un peu penser à Borat, n'arrêtait pas de parler et de gesticuler à côté du DG. Comme dessert, ils ont servi un Baklava local. Nous avons alors appris, au grand dam de mes deux collègues qui ont une ascendance libanaise, que ce dessert prisé dans le pays de leurs ancêtres est en fait une invention kosovare.

Mardi, nous avons déménagé dans un nouvel hôtel. Ce nouvel hôtel, l'Hotel Royal (sic), est beaucoup mieux que le Grand Hotel. Tout d'abord, il est tout récent ce qui fait que les murs sont propres et intacts, qu'on devrait avoir un gym et une piscine d'ici 1 ou 2 semaines (inch Allah), que le mobilier est tout neuf et assez joli, que la salle de bain est ultra moderne (lavabo avec senseur - seul hic, on ne peut pas ajuster la température), toilette avec une pin de métal qui ressort d'un côté de la bol (vers l'intérieur) sans aucune raison apparente...mais le summum de cette salle de bain est la douche.

En fait, l'hôtel appelle ça un Jacuzzi. Dans ma chambre, il n'y a pas assez de place pour une baignoire complète alors c'est davantage format douche, mais quand même, c'est une douche multitâche. Ladite douche (de marque Huangguan) possède les attributs suivants:
  • Douche téléphone
  • Douche fixe au plafond
  • Lumières blanches
  • Lumières bleues
  • Jets latéraux (8) positionnés au niveau du dos si on s'assoit sur un espèce de siège
  • Un espèce de truc à massage qui est probablement amovible du mur mais j'ai pas encore osé essayer l'arracher
  • 2 jets verticaux qui sortent du siège à partir d'un endroit plus ou moins approprié si on s'assoit
  • La radio qui permet d'écouter de la musique au lieu de chanter, ce qui est bien mieux pour les voisins
  • Le téléphone (celui-là je n'ai aucune idée comment il marche vu qu'il n'y a pas de clavier pour téléphoner)
  • Panneau de contrôle pour gérer tout ça

Ça m'a pris la semaine pour maîtriser cette haute technologie...en fait, j'ai réussi à faire marcher la radio seulement ce matin vu que les jours précédents je n'avais pas trop zigonné après. Je subodore que je ne pognais pas de postes les autres jours.

Voici une photo de cette 8e merveille du monde. On notera le granit de la salle de bain :


Voici ma nouvelle chambre, nettement mieux que l'ancienne!


Et voici la vue de ma chambre. Le gros édifice beige et brun laid en plein milieu est le Grand Hotel Prishtina.


Enfin, hier soir nous sommes allés souper avec une amie de mon autre collègue Philippe, et des collègues de ladite amie, qui travaille aux Nations Unies. En fait, c'était une table de l'ancienne Union Soviétique - Russes, Arméniens, etc. Elle même vient de Sukhumi, la capitale de l'Abkhazia, qui est un État indépendant du Caucase, donnant directement sur la Mer Noire, reconnu uniquement par le Nicaragua (go figure) et la Russie. La Géorgie considère l'Abkhazia comme une de ses provinces...hmm, une situation quand même assez similaire de celle du Kosovo. J'assume que la Russie reconnaît l'Abkhazia juste pour gosser diplomatiquement la Géorgie ainsi que les États-Unis, qui sont derrière la Géorgie, quoique certains disent que la Russie est en train d'annexer l'Abkhazia et l'Ossétie du Sud de manière plus ou moins subtile.

Un peu de chants russes, un toast aux femmes (tous les hommes se lèvent et toasts, les femmes restent assises...apparemment c'est une tradition provenant des hussards russes), des discussions sur la souveraineté du Québec. En fait, l'un des Russes me mettait en garde contre cette possible séparation, puisque tout le monde en ex-URSS regrette évidemment cette explosion d'un bel empire comme on n'en fait plus. En fait, il est vrais que tous ceux à qui j'ai parlé disaient que c'était beaucoup mieux du temps du communisme, lorsque l'éducation et la santé étaient gratuits. On a également parlé de hockey, évidemment, des derniers tournois Canada-Russie, de la Série du siècle, de Rendez-vous 87, d'Alex Kovalev et d'Andrei Markov, qui sont les 2 meilleurs joueurs de la meilleure équipe de hockey de l'histoire de ce merveilleux sport.

Au bureau ça se passe bien, entre les Kosovars et les experts internationaux (un américain en TI et un Belge anciennement chef de centre fiscal, qui est d'ailleurs mon homonyme, tous deux dépêchés par USAID). Ce qui est intéressant c'est de voir quels sont les drapeaux un peu partout en ville et au bureau: drapeau du Kosovo, de l'Albanie, des États-Unis, de l'OTAN et de l'Union européenne. Ça dit tout.

Côté météo, ça s'améliore tranquillement...on commence a passer au-dessus de 10 degrés, et le soleil commence à pointer son nez derrière sa couverture nuageuse.

dimanche 1 février 2009

Jour 2: Un dimanche à Prishtina

Première journée complète au Kosovo, ou plutôt Kosova tel que les gens locaux le prononcent (Kosovo est en Serbe, Kosova en Albanais).

Après une nuit de sommeil adéquate vu le décalage, Patrick et moi avons profité de la matinée pour nous promener un peu sans caméra, question de ne pas avoir l'air trop touristes trop rapidement. Les rues sont bien pavées, les immeubles modernes s'imbriquent entre les immeubles vieillots ou carrément abandonnés. Beaucoup de magasins et de cafés (il y en a à tous les coins de rue ou presque). L'architecture des maisons est très intéressantes et très typiques un peu plus tard. Il y a également plusieurs mosquées et églises, quoique l'accès aux églises est généralement restreint et elles sont clôturées avec des barbelés...


Je vous mets une photo de ma chambre d'hôtel - comme vous le voyez nous sommes loin du Hilton! L'hôtel est un vestige de l'ère communiste, et a connu la guerre. Il a été occupé par les diverses forces ayant été stationnées en ville. On peut encore voir certaines marques, comme des trous de cigarette dans les draps et les taies d'oreiller ainsi que des trous dans le murs, le plancher ou ma porte de chambre. Il n'a probablement pas été rénové depuis au moins 10-15 ans.




Voici également une vue de ma chambre.


Comme vous le savez, le Kosovo a unilatéralement proclamé son indépendance cet été. Certains pays dont la majorité des pays occidentaux reconnaissent cette indépendance, tandis que les pays de l'Est, la Serbie, la Russie et la Chine en tête, ne la reconnaissent pas. Ça explique en bonne partie la présence des forces de l'OTAN même si le Kosovo a, depuis le 22 janvier 2009, sa propre armée (2 500 soldats avec des armes légères. La Serbie s'est dit menacée par cette armée, malgré ses 40 000 hommes, ses chars et ses avions). Si vous êtes intéressés par le Kosovo, je vous suggère Wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Kosovo.

Question de vous aider à me situer, voici une carte du Kosovo ainsi que de la région où le Kosovo se trouve.