lundi 16 mars 2009

Bac, u Kry!

Qui n'a jamais voulu mettre les pieds à Skopje? Voir les fameux champs de vignes qui s'étendent sur la landes macédonienne entre Gravsko et Veles? Déguster une Skopsko en regardant le soleil se coucher derrière les montagnes kosovares?



Je dois avouer qu'avant samedi, je faisais parti de ce groupe peu sélect, puisque je ne connaissais pas l'existence de Gravsko et de Veles, et encore moins de la Skopsko, une bière macédonienne au demeurant assez ordinaire...mais cela ne nous a pas empêché, mon collègue et moi, de quitter le confort relatif de Prishtina pour partir à l'aventure et visiter une partie de la Macédoine.

Notre premier choc fut bien sûr aux douanes, où il fallu exactement une heure pour faire le demi-kilomètre qui sépare la douane kosovare de la douane macédonienne alors qu'à peine une quinzaine de voiture nous précédait. Cela nous a permis de profiter de la vue imprenable sur la clôture et d'admirer un chiot apatride, pris qu'il était entre les deux États, déguster avec une voracité impressionnante un sac de plastique qui traînait sur le chemin.






Une fois passé ces douanes, nous avons roulé sur environ 150 km pour nous rendre à Stobi, près de Gravsko, qui est en fait une ville en ruines datant de l'Empire byzantin. Même si ce n'est rien de comparable avec les ruines qu'on peut trouver en Italie, c'était quand même intéressant de voir la grandeur des demeures de l'époque. Certaines colonnes sont quand même assez bien conservées.



Par la suite, nous sommes revenus sur nos pas pour arrêter à Skopje, la capitale de la Macédoine. Forte de ses 700 000 habitants, soit environ le triple de la population de Prishtina, cette ville ressemble fortement à l'image que l'on se fait d'une ville communiste - quelques bâtiments en ruines, architecture d'un goût douteux, etc. Il y a pourtant quelques points intéressants, tel que le vieux pont de pierre qui traverse la rivière qui traverse la ville, datant de 1430, ainsi que la vieille forteresse qui surplombe la cité et duquel nous avons une excellente vue sur les environs. Malheureusement, la forteresse est actuellement en rénovation puisqu'une partie de celui-ci importante est en ruine.




Parmi les éléments à voir, on compte également un aqueduc romain parait-il en bon état...je dis parait-il parce que notre chauffeur ne comprenant pas le concept d'un aqueduc s'obstinait à nous montrer le foutu pont de pierre qui traverse la rivière qui traverse la ville. Après plusieurs essais infructueux, nous avons décidé de revenir à Prishtina...il y a également quelques mosquées intéressantes, dont celle-ci prise depuis la porte principale de la forteresse de Skopje.




Il reste plusieurs sites qui semblent intéressants en Macédoine, tel que Heraklea, la ville la mieux préservée datant de l'Empire macédonien (du temps d'Alex ze great) ainsi qu'une grotte qui recèle des pétroglyphes préhistoriques.
Ce sera à visiter lors d'une prochaine mission, car ce weekend était notre dernier au Kosovo. Samedi prochain, nous reprendrons l'avion pour nous rendre d'abord à Vienne, où nous allons passer une nuit, puis prendre un vol vers Toronto pour 10 longues heures jusqu'à Toronto, pour enfin revenir sur Montréal et constater avec effroi que je n'ai pas prévu de me garder quoique ce soit pour déjeuner lundi matin....hé misère. Moman, peux-tu m'acheter un pain? Multigrain de préférence, c'est mieux pour ma régularité :).

Alors comme disent les locaux: Bac, u kry, ce qui signifie "C'est fini, mon frère"...dans les circonstances, je n'ai donc pas le choix de dédier cette entrée à mon frérot qui, d'ailleurs, a un excellent blog intitulé Les chroniques de Philippe. Amants de cocasseries, je vous le recommande chaudement en attendant ma prochaine mission!

Falemenderit!

samedi 7 mars 2009

Les relents du communisme, ou De l'art de la gestion des ressources humaines

Comme vous savez, le Kosovo est une ancienne province de la Serbie, elle même une ancienne République de la Yougoslavie (de son vrai nom Fédération des républiques Yougoslaves). Or, ce pays a longuement été communiste avant de tenter, comme tout bon pays communiste sauf Cuba, l'aventure capitaliste.
On pourrait s'attendre à ce que certains principes communistes, comme les droits des travailleurs, soient importants au Kosovo. Or, ce n'est pas le cas puisqu'il n'existe aucun code du travail. Même si au gouvernement ça semble être normal - travail de 8h à 16h, lundi au vendredi, il en va tout autrement dans l'entreprise privée.

Par exemple, le personnel de l'hôtel où nous sommes travaille 7 jours sur 7, 8h par jour, et n'ont pas de vacances annuelles. Je n'ai évidemment pas investigué leurs salaires, mais considérant que le salaire moyen est autour de 200 euros par mois, ce ne doit pas être terrible...mais bon, dans un pays où le taux de chômage avoisine les 40-45%, j'imagine qu'elles sont juste contentes d'avoir un emploi. D'un autre côté, ça enlève à des étudiants la possibilité de se trouver un emploi à temps partiel.
Ceci étant dit, aujourd'hui mon collègue et moi avons finalement trouvé le temps de faire un tour de la ville...il était temps, après 5 semaines!
Prishtina étant une petite ville (un peu plus petit que Québec), nous avons pu visiter presque tous les endroits intéressants en 4h. Nous aurions voulu visiter un parc qui semblait très bien, mais il commençait à faire plus froid et à pleuvoir légèrement alors nous avons abandonné l'idée...ce sera pour une prochaine mission j'imagine.

Nous avons donc pu visiter 2 musées nationaux - un ethnologique et un archéologique, et pu voir quelques mosquées et églises en chemin.

Voici la photo du héros national de la guerre contre les Serbes, qui est arboré fièrement sur la devanture du gym qui est dans un si bel état.



Voici probablement la plus grosses église de Prishtina. On peut se douter qu'elle ne voit plus de messes depuis quelque temps vu les barbelés qui remplacent la porte d'entrée. On a également noté que la cloche est désormais absente, et on soupçonne qu'elle a été vendue pour être fondue pour faire des canons de 12 livres, comme dans le temps de Napoléon (et non d'Eddie Shore, on se rappellera que dans son temps c'était du foil).



Ci-dessous, la pièce occupée par les hommes dans une maison typique albanaise. Les femmes n'y avaient évidemment pas accès. Celles-ci avaient leur propre pièce, partagée toutefois avec les enfants, qui occupait environ le tiers de l'espace de la pièce des hommes.


Enfin, voici des costumes typiques de mariage. On notera le revolver qui occupe une place de choix sur la hanche droite de l'homme, puisque la guerre entre les clans était assez permanente.

Nous avons également visité un marché local, où nous sommes arrivés de manière totalement fortuite. Contrairement au Sénégal, mis à part quelque porte-clé arborant le drapeau du Kosovo, il n'y a rien qui pourrait vraiment servir de souvenirs...beaucoup de produits chinois, évidemment, des fruits et légumes en quantité, etc. Il y avait même plusieurs vendeurs de fromage féta, qui présentaient leur produits de manière plus ou moins alléchante dans des grands seaux.


En terminant, je souhaite à toutes mes lectrices une très belle journée internationale de la femme! Oui, elle est célébrée au Kosovo, et tous les hommes offrent des cadeaux et des fleurs aux femmes... c'est donc devenu une mini St-Valentin.

On se revoit bientôt, puisque ma mission ici s'achève tranquillement.

dimanche 1 mars 2009

Bouge de là!

Après 3 semaines d'oisiveté à attendre que le gymnase et la piscine de l'hôtel soient complétés et nous permettent de bouger un peu - c'était supposé être fini après 2 semaines - mon collègue et moi-même avons décidé de nous abonner à un gym situé non loin de l'hôtel. En fait, sur la première photo de mon entrée précédente, il s'agit de l'immeuble avec des pics à droite. La photo a été prise de l'hôtel.

L'immeuble dans lequel se situe le gymnase date des belles années du communisme. Construit dans les années 70 dans un style futuriste, et probablement jamais trop entretenu depuis, l'immeuble tombe légèrement en ruines. Un poster géant d'un héros de la guerre, en tenu de milicien avec une grosse barbe bien noire, accueille le visiteur ébahi. Sur la porte, un vieux collant indique que les armes à feu sont interdites à l'intérieur. Charmante attention!

Un des terrains de sport a été converti en stationnement, pour la plus grande joie des automobilistes puisque, hormis les trottoirs, Prishtina n'offre pas beaucoup d'espace réservée à cette fins. Toujours est-il que cette conversion permet au visiteur avisé de s'installer confortablement dans les estrades pour observer les voitures immobiles. Les nombreuses Volkswagen, Mercedes et Audi les Ford, Toyota, Renault et Citroën ainsi que les quelque rares Porsche ou Alfa Romeo. La qualité des voitures détonne dans cet endroit où plusieurs murs ont de toute évidence connus des jours meilleurs. L'observateur externe (i.e. moi) peut d'ailleurs noter que l'état de certains murs (dont celui du fond, sur son côté droit) peut suggérer une détonation passée.


Le gym lui-même est très bien. Il possède facilement 60 machines et poids libres, des saunas, etc. Il y a même 2 massothérapeutes, mais il semble que la fille se soit fiancée et ne revient plus au travail, alors que le gars ne masse évidemment pas les gars.

L'entraînement intensif explique d'ailleurs pourquoi j'écris moins souvent, puisque nous allons au gym 5 fois par semaine, question de perdre ce que la bouffe local nous a généreusement donné depuis notre arrivée.

Le marketing du gym est très efficace, et suggère que lorsque nous serons parvenu à nos fins, une déesse viendra se blottir tout contre nous et appliquera un haltère contre nos Abs of Steels tout en prenant de son autre main un de nos Buns of Steels, probablement le droit selon la position de la dame en question. On peut d'ailleurs voir mon collègue poser fièrement devant la porte du gymnase, montrant sa satisfaction avant d'aller s'entraîner puisqu'il partira à la recherche de la fille qui a servi de modèle. Sa quête fut vaine.



Vendredi soir, nous sommes allés prendre un verre avec un autre consultant aux impôts, un Américain, qui a notamment visité l’Irak et l’Afghanistan dans le cadre de ses divers mandats en TI. Il nous racontait avec amusement que la majorité des expatriés locaux sont des gens pré retraités qui viennent ici « to roughen up » puisqu'il s'agit d'un pays éminemment dangereux. Ils touchent d'ailleurs une prime de « hardship » de 20%...

Hardship ? Vous avez dit hardship? Ma mission ici est de loin la plus confortable que j'ai fait depuis que j'ai commencé chez mon employeur actuel en 2005. Même hors de Prishtina, là où les troupes du KFOR continuent à assurer la paix, je n'ai jamais eu l'impression de quelconque danger.

Le principal danger auquel nous faisons face, à mon avis, est causé par ce que nous appelons les City Birds (prononcez le C comme Ch). Chaque soir, des milliers de gros oiseaux noirs viennent s'agglutiner dans les arbres de la ville. Le passage sous les branches de ces arbres est hautement risqué, puisqu'ils ont tendance à larguer leurs déjections sur la tête des passants sans méfiance ou insuffisamment rapide. J'ai d'ailleurs été l'une des pauvres victimes de ces terroristes de l'air, et j’ai dû nettoyer mon manteau pour enlever toute trace d’impact. Pour paraphraser le Far West, il n'y a que deux types de Prishtiniens: "The Quick and the Souillés ».

Si on fait abstraction de ces bombardiers aviaires qui font de nombreux « collateral damages », Prishtina est très bien. Depuis le lendemain de la fête de l’indépendance, où une vague de froid a amené entre 10 et 15 cm de neige (comme en témoigne les photos ci-dessus), la température s’est radoucie. Il fait maintenant beau soleil, la température oscille autour de 10 degrés et le printemps semble s’installer confortablement. Les cafés ont sorti leurs tables et leurs chaises - c'est fou comme la météo peut changer en peu de temps! D'ailleurs, je vous écris moi-même d'une terrasse...

Et on me dit qu'il fait -19 Celsius à Montréal?