Mirdita!
Après 5 semaines d'absence (ou de présence à la maison, dépendamment de l'angle que vous préférez), je suis de retour au Kosovo afin de continuer le projet ici - quand je veux faire le pompeux, je dit qu'il s'agit de bâtir l'infrastructure fiscale d'un pays en gestation, ce qui semble effectivement être d'une importance capitale dans l'Histoire du 21e siècle.
Après une semaine plutôt fraîche, le soleil a commencé à se montrer le museau et à réchauffer l'air de Prishtina. Il n'en a pas plus fallu pour que mon collège Zaher et moi décidions de sortir de la ville durant le weekend, et d'aller à Mirushe et à Peja. J'avais eu la chance de visiter très rapidement Peja avec un autre collègue en février.
Petit village sur la route vers Peja
Comment transporter un âne? Sur une charrette tirée par un cheval!
MirusheMirushe n'est pas une ville mais plutôt le nom d'une rivière sur laquelle plusieurs cascades se succèdent. Un peu de trekking, quoi de mieux pour se délier les jambes courbaturées par trop de travail de bureau?
La route vers
Mirushe est une route de terre. Terre? Boue est un mot beaucoup plus juste, puisqu'avec la fonte des neiges la route s'est transformée en rivière de boue. Le taxi ne pouvant aller très loin sans s'embourber, nous avons décidé de marcher la distance (environ 2 km). Après quelques minutes, mes nouveaux
running se sont transformés en barres de
bouette. Bon, au moins ce sera difficile de les salir davantage. Malgré quelques intersections, il n'y a pas d'indications pour se rendre jusqu'aux cascades...on y va au son, en essayant de rester le plus près possible de la rivière. Ça paye.
Les cascades sont très jolies. La première que nous rencontrons forme un bassin. Deux terrasses sont aménagées afin d'offrir aux visiteurs quelque rafraîchissement. Un local pêche tranquillement (y a-t-il des poissons dans ce coin reculé? J'ai mes doutes).
La deuxième cascade est difficilement accessible. On s'y rend en marchant à flanc de parois sur un chemin d'environ 30 cm de large, en s'agrippant comme on peut, qui à une saillie rocheuse, qui à une branche, qui à une racine, tout en essayant de faire
fuir le serpent qui dort tranquillement à quelques pas. On peut voir sur la photo ci-dessous un couple d'anglais en train de descendre le chemin...bon ok, ils se sont arrêtés pour que je prenne la photo.
Tout se passe sans trop de pépins. Au retour, quelques jeunes filles nous sautent littéralement dessus en nous disant qu'ils sont perdus depuis 1h et veulent retrouver la route. Nous les escortons donc, avec le reste de leur groupe de
High Schoolers de
Prishtina, jusqu'à la route. Nous avons donc sauvé 13 jeunes
kosovars d'une mort atroce et certaine en plein milieu d'une forêt hostile (ou à tout le moins sauvé d'une attente de quelques minutes supplémentaires jusqu'au passage d'autres visiteurs).
PejaÀ
Peja, notre objectif principal était la visite du Patriarcat de
Pèc, le nom Serbe de
Peja. Ce Patriarcat est en fait une église orthodoxe du 13e siècle qui servit de siège aux patriarches de l'église serbe, couplé à un monastère. Il est situé à la sortie de la
Rugova et l'endroit est enchanteur. Malheureusement, les photos sont interdites.
Vallée de la Rugova
Pour y accéder, nous avons dû traverser le cordon de militaires italiens du KFOR qui protège la place. Militaires par ailleurs très sympathiques, puisque nous avons pu rigoler un peu avec une Sicilienne (je lui ai demandé, elle ne connait pas personnellement les Corleone) et un de Calabria, également dans le sud de l'Italie. C'est leur première assignation à l'étranger et étaient là depuis seulement trois jours.
Le Patriarcat est très intéressant, avec une multitude
d'icônes chrétiennes et plusieurs tombeaux de saints et de patriarches vieux de plus de 700 ans (les tombeaux, pas les patriarches). Faire la visite avec
Zaher, qui est un chrétien catholique baptisé orthodoxe très pratiquant, a été très intéressant puisqu'il a pu m'expliquer
plusieurs aspects de l'orthodoxie que je ne connaissais pas.
En terminant, on m'a souvent demandé si je voyais des signes de la guerre de 1999. À Prishtina, les signes sont relativement rares, la majorité des maisons ayant été reconstruites sauf celles à proximité des bases militaires. Par contre, en région les signes sont plus nombreux, tel que cette église complètement détruite et jamais reconstruite, faute d'orthodoxes.
Gjithë të mirat!